Publié le 20 février 2017 – Auteur : Coline Mionnet
Californie : Fin de la sécheresse mais…
Après une terrible sécheresse de plusieurs années, la Californie a subi fin janvier des tempêtes hivernales particulièrement pluvieuses qui ont provoqué une brutale élévation des eaux, que ce soit pour les lacs et réservoirs de montagne ou les cours d’eau dans la plaine du Sacramento.
La majorité des réserves d’eau de l’état sont désormais bien au-delà de leur niveau moyen, et les craintes de pénurie d’eau pour le grenier des Etats-Unis sont écartées, au moins temporairement.
La soudaineté et la quantité des précipitations ont provoqué, outre quelques inondations localisées, le débordement et la rupture partielle du barrage d’Oroville, suivi de l’évacuation de la ville du même nom. Fort heureusement, la catastrophe pressentie n’a pas eu lieu, et les habitants on pu regagner leurs foyers.
Mais ce vendredi 17 février, une nouvelle tempête a déversé près de 100mm d’eau sur la Californie du sud, faisant au moins 5 victimes et paralysant une partie de la région.
Des phénomènes météorologiques inquiétants
La multiplication de ce genre de phénomènes météorologiques violents ne peut que nous questionner sur leurs causes. Car au même moment, dans l’hémisphère sud, le Chili connaît à son tour une sécheresse historique, accompagnée par les gigantesques feux de forêts, leurs corollaires.
Des scientifiques de toute la planète cherchent à comprendre le lien entre le réchauffement climatique et le courant océanique El Niño, qui conditionne les climats équatorial et tropicaux, bien au-delà des océans Pacifiques et Indiens.
Nombre d’entre eux soupçonnent la perturbation d’El Niño, qui régulait bon an mal an les climats de la côte Ouest des Amériques jusqu’à l’Afrique de l’Est, d’être à l’origine des catastrophes climatiques à répétition en nette augmentation ces vingt dernières années.
Les technologies de radiométrie embarquées sur les satellites d’observation ont permis aux chercheurs de la NOAA (Agence Américaine d’Observations Océaniques et Athmosphèriques) de constater une élévation de température dans certaines régions de l’Océan Pacifique de 2.5°C mesurée sur une période de 5 mois consécutifs entre 1997-98 et 2015-16. Comme conséquence, une anomalie du niveau de la surface océanique de 40 à 50 cm a également été constatée sur certaines zones, menaçant certaines îles du Pacifique et le littoral de l’Amérique centrale. A Papeete, en Polynésie Française, l’élévation moyen du niveau de la mer entre 1975 et 2009 a atteint 2.5 mm/an, soit 25cm en extrapolant sur une échelle d’un siècle.
Etablir un lien
La perturbation du courant du Pacifique pourrait probablement expliquer les phénomènes extrêmes observés dans de nombreuse régions de la planète, sécheresse et incendies en Australie, en Nouvelle Zélande, au sud-ouest des Etats-Unis et en Amérique du Sud, sécheresse et insécurité alimentaire dans la corne de l’Afrique, pluies diluviennes en Thaïlande, au Mexique et en Californie et bien d’autres.
Il est quasiment certain qu’El Niño et le réchauffement climatique sont intimement liés, mais il s’agit d’une interaction extrêmement complexe, et il faudra quelques années pour que la science puisse apporter des preuves incontestables de l’influence du réchauffement de la planète sur les systèmes de courants océaniques.
Etats Unis, une balle dans le pied
Sur le plan politique, c’est une immense stupidité et un incroyable gâchis que le nouveau président des Etats-Unis remette en question les engagements de son pays, celui là même qui fait partie des plus exposés au réchauffement climatique et aux événements météorologiques extrêmes. Il a confirmé ses intentions début février en nommant un climato-septique extrêmiste à la tête de l’Agence de Protection de l’Environnement qu’il rêve de supprimer.
Des records de température ont pourtant été atteints en 2016, avec 56,6°C (134°F) en Californie, niveau jamais atteint depuis 1913 dans la Vallée de la Mort.
Il faudra que la communauté internationale instaure la notion d’intention de crime contre les générations futures, non prescriptible, pour pouvoir condamner les individus dénués de toute conscience de cet acabit, dont la conséquence des actes pourraient être pire que l’holocauste.
Mais il n’arrivera peut-être pas au terme de son mandat, car la résistance se structure aux Etats Unis.
Sources et liens
Nbc Los Angeles : les plus grosses tempêtes depuis des années frappent la Californie
CNN : Encore de la pluie après 5 victimes des tempêtes
Nasa : pluies diluviennes en Californie du sud (en anglais)
Nasa : déluge de pluie en Thaïlande (en anglais)
El Niño et la Niña, sur le site Météo France
Nasa: El Niño perturbé, Chaleur et épisodes météo violents en Californie (en anglais)
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