Publié le 21 juillet 2016 – Auteur: Coline Mionnet
Pourquoi le Chili a-t-il pu distribuer de l’électricité gratuitement ?
Le Chili a fixé la barre haute, son objectif est de produire 70% de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2050 et de réduire de 30% ses émissions de CO2 d’ici 2030 .Grâce à une augmentation importante des investissements réalisés dans les énergies renouvelables en 2015 et à l’ouverture récente de 29 fermes solaires au Chili, les habitants du nord du désert d’Atacama bénéficient d’électricité gratuite depuis janvier. Le record de 192 jours d’électricité gratuite au Chili en 2015 pourrait déjà être battu.
C’est une bonne nouvelle bien que 40% de la population chilienne, concentrée dans la capitale de Santiago, n’est pas concernée par ce privilège. Etant donné que le surplus d’électricité solaire produite dans le désert d’Atacama n’a pas pu être acheminé au reste de la population faute de lignes de transmission opérationnelles, les habitants du nord n’ont pas eu à payer de facture et la situation pourrait durer.
Le gouvernement chilien a prévu d’ici 2017 la construction d’une ligne de transmission de 3000 kilomètres afin de réguler la production et le marché de l’électricité. Il s’agit également de conforter l’investissement dans les énergies renouvelables au Chili.
Sans tarder, la présidente Michelle Bachelet a promulgué ce 12 juillet une nouvelle Loi sur la Transmission Electrique qui vise à renforcer le système de transmission d’énergie dans le pays et à promouvoir une énergie propre à bas prix. L’État chilien prévoit donc la construction de nouvelles lignes de transmission pour réduire les coûts de transport de l’énergie.
Si on se base sur le rapport du PNUE, Programme des Nations Unis pour l’Environnement, appelé « Tendances mondiales des investissements dans les énergies renouvelables », le Chili est à la 10ème place du TOP 10 des pays investissant le plus dans les énergies renouvelables dans le monde, avec une croissance de 151% par rapport à 2014. Néanmoins, il est à la première place du TOP 10 des pays finançant le plus d’actifs dans les énergies renouvelables, avec une augmentation de 141% en 2015 par rapport à 2014.
D’après le rapport publié le 5 juillet dernier par le Ministère de l’Energie chilien, après avoir quadruplé ses capacités de production d’énergie solaire depuis 2013, le Chili compte aujourd’hui en construction 54 centrales de production d’énergie renouvelable et 33 projets de transmission équivalents à 2410 km de lignes.
Parmi ces projets ambitieux, le métro de Santiago deviendra en 2018 le premier au monde à fonctionner pour 60% à l’énergie solaire et éolienne.
Au niveau mondial, les investissements réalisés dans les énergies renouvelables se sont élevés en 2015 à 258 milliards d’euros, « plus du double des investissements réalisés dans les centrales à charbon et à gaz, estimés à 117 milliards d’euros », selon le 10ème rapport annuel du PNUE sur les Tendances mondiales des investissements dans les énergies renouvelables.
Pourtant, selon une étude publiée par des chercheurs du Fonds Monétaire International en mai 2015, le montant des subventions dédiées aux entreprises d’extraction de combustibles fossiles atteint plus de 4700 milliards d’euros par an, soit près de 6,5% du PIB mondial. La tonne de CO2 est ainsi faiblement estimée à 38 euros.
Selon le FMI, supprimer ces subventions permettraient de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre et de réduire de moitié le nombre de morts causées par la pollution de l’air dans le monde.
En 2014, la Chine est le pays qui a accordé le plus des subventions aux énergies fossiles et à leur extraction, 2 000 milliards d’euros, suivie par les États-Unis, 632 milliards, la Russie, 303 milliards, l’UE, 300 milliards, l’Inde, 250 milliards, et le Japon, 142 milliards.
De janvier à juillet 2016, plus de 2500 milliards d’euros ont déjà été investis dans le secteur des énergies fossiles dans le monde, selon le site Planétoscope.
Des efforts importants restent donc à faire pour promouvoir les énergies renouvelables et cela passera indubitablement par la réduction ou idéalement, la suppression de ces subventions accordées aux énergies fossiles. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, plus de 80% de l’énergie mondiale provient de gisements de combustibles fossiles : pétrole (33 %), gaz (21 %), charbon (28 %) et uranium (7%) et la moitié du pétrole mondial est consommée dans le secteur des transports. Les gouvernements doivent agir.
Sources
Rapport du PNUE publié en Mars 2016 :
« Tendances mondiales des investissements dans les énergies renouvelables 2016 » (en anglais).
Rapport publié le 5 juillet 2016 par le Ministère de l’Energie chilien (en espagnol)
Etude de l’Agence Internationale de l’Energie sur l’Energie Mondiale, publiée en novembre 2014
Discours de Christine Lagarde, présidente du FMI, publié le 14 juillet 2016