Publié le 25 juillet 2016 – Auteur: Coline Mionnet
De nouvelles mesures concernant le loup
Le 7 juillet dernier, un arrêté interministériel a été publié autorisant la destruction de 36 loups au maximum pour la période 2016/2017. Il fixe également un seuil de 27 loups avant le 30 septembre 2016. Également le 7 juillet dernier, la démarche d’évaluation prospective de la situation du loup en France à l’horizon 2025-2030 a été lancée par Barbara Pompili, secrétaire d’Etat auprès du Ministère de l’Environnement, chargée de la biodiversité.
Un arrêté ministériel controversé
Cet arrêté a été adopté alors même que de la consultation publique de ce projet avait relevé près de 90 % d’avis défavorables et que le nombre de victimes du loup a diminué en un an en France, passant de 2847 à 2491 de 2015 à 2016, selon la lettre Info Loup n°11 publiée par la DREAL Auvergne-Rhône Alpes.
Bien que l’arrêté autorise la destruction de 36 loups au maximum entre 2016 et 2017, dont 27 maximum avant le 30 septembre, il prévoit que des tirs de défense pourront être autorisés si ces seuils sont atteints avant les dates prévues. En effet, un nouvel arrêté pourra modifier ces seuils « en fonction des données disponibles décrivant la situation biologique du loup sur le territoire national à l’issue de l’hiver 2015-2016 et permettant une évaluation de cette situation avant le 30 septembre 2016. »
Une évaluation de la situation du loup en deux volets
La démarche d’évaluation prospective de la situation du loup en France pour 2025-2030 comprendra deux volets : la réalisation d’une expertise collective afin de réunir des données scientifiques sur le loup en France et l’élaboration d’une stratégie pour 2025-2030 en concertation avec tous les partenaires concernés.
Pour préparer cette stratégie, un groupe de travail associant les représentants des organisations nationales concernés par le loup, les Ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvages et le Muséum National d’Histoire Naturelle, sera constitué.
L’objectif ? Permettre la mise en place d’un dialogue avec les autres acteurs concernés : scientifiques, personnels de l’Etat, défenseurs et usagers de la nature, acteurs socio-professionnels, éleveurs ou encore gestionnaires d’espaces. « Les grands prédateurs sont indispensables aux écosystèmes. Il nous faut donc avoir une stratégie», a expliqué Barbara Pompili.
Selon la secrétaire d’Etat au ministère de l’Environnement, le but de cette expertise est de « dégager les conditions de viabilité à long terme du loup » en France et d’établir des scénarios sur sa future expansion territoriale. Deux objectifs sont ainsi visés : la protection de l’espèce et la cohabitation socialement et économiquement acceptable entre le loup et les activités humaines.
Barbara Pompili a également ajouté que les conséquences du retour du loup, notamment sur l’élevage, « doivent trouver des réponses adaptées, au-delà des mesures ponctuelles d’indemnisation et d’autorisations de tirs d’effarouchement ou de défense. » Elle souhaite mettre en place une gestion de l’espèce différenciée selon les territoires en fonction de la sensibilité des élevages à la prédation du loup.
D’après la secrétaire d’Etat, « le coût de l’indemnisation des dégâts causés aux élevages croît d’année en année, au risque d’atteindre dans un avenir proche des niveaux où elle ne sera plus finançable », d’où l’intérêt de déterminer des scénarios d’évolution de l’espèce sur le territoire. Il s’agit également d’imaginer de nouveaux moyens d’accompagnement des éleveurs afin de garantir le maintien du pastoralisme.
Les résultats des travaux de l’expertise collective et du groupe de travail sont attendus pour le début de l’année 2017 et devront permettre de définir les axes de travail à mettre en œuvre au cours des prochaines années.
Pour conclure son discours, Barbara Pompili a annoncé que l’indemnisation des dégâts causés par le loup, stoppée depuis le début de l’année, allait être débloquée. La somme de 710 208 euros, correspondant à 580 dossiers, devrait être réglée « rapidement ». En outre, le solde des aides pour les mesures de protection mises en place en 2015 devrait également être versé avant la fin du mois de juillet.
Sources
Discours de Barbara Pompili du 7 juillet 2016.
Synthèse de la consultation publique du projet d’arrêté.